Voyage(s)Un autre regard sur la bipolarité : L'histoire d'un bipolaire jusqu'au bouddhisme

Voyage(s)

nemopode

 

 

 

Première partie

“I thought I saw an eagle but it might be a vulture”

Story of Isaac. Leonard Cohen.

Je te préviens, c’est la dernière fois que je fais un truc pareil. C’est prendre beaucoup de risques pour pas grand chose : peut-être que dans cinq minutes il sera là et nous n’aurons plus qu’à nous tuer.

Tiens bien la casserole, au moins, pendant que je mélange ; ça colle sacrément, et ça fond mal ; je n’arriverai jamais à l’attraper cet anneau…

On devrait peut-être rajouter du vinaigre, ça pourrait aider…

Demain, j’irai à la banque vider mon compte au cas où nous ayons à fuir. Heureusement que tu as une voiture, ça nous facilitera les choses.

Putain ! C’est presque fini. On va pouvoir se casser avant qu’il arrive.

Ca y est, je l’ai, on peut filer.”

La rue était très noire, c’était un jour de changement de coté pour le stationnement des voitures dans la rue. Comme c’était un dimanche, certains y avaient pensé, d’autres, tout aussi nombreux, pas. La route s’en trouvait du coup fort rétrécie et avec l’obscurité cela aurait pu être dangereux. De toutes façons, eux s’en foutaient puisqu’ils prendraient le métro quelques rues plus loin.

La femme du premier, de celui qui tournait le contenu de la casserole, était morte douze ans auparavant, un chauffard l’avait renversée.

Ils étaient jeunes mariés, il n’avait jamais été aussi heureux ; il croyait avoir enfin accédé au bonheur qu’il méritait.

Elle était morte en un instant.

Du paradis à l’enfer : en un instant.

C’est donc l’autre qui conduirait, lui n’avait plus jamais reconduit depuis ce jour.

Le second n’était pourtant pas très sûr au volant. Trop rêveur, il pouvait avoir des absences, se perdre dans ses pensées. Il avait d’ailleurs déjà fait plusieurs séjours à l’HP* à cause de ce genre d’évasion. En voiture le premier surveillait donc le second qui conduisait.

*Hôpital Psychiatrique

C’est bien le lendemain qu’ils partirent ; après être effectivement passés à la banque.

  • C’est bien d’aller en Angleterre, je sens qu’on pourra la trouver là-bas.

(C’était le premier qui parlait. L’autre semblait ailleurs)

A quoi tu penses ?

  • Je pense qu’un type qui se prend pour Jésus peut peut-être délivrer des messages pour lui…

  • Pardon ??

  • Oui, imagine que Jésus ait un message à te transmettre mais qu’il n’ait aucun moyen de communication directe avec toi, qu’il ne puisse ni t’apparaître, ni te parler.

Imaginons qu’il puisse par contre te mettre dans un état psychique spécial, un état plus mystique, plus ouvert à ce genre de communication. Comment peut-il alors faire pour que le message te parvienne ?

  • Quel message ??

  • Je sais pas… un message sur ta propre vie, un conseil, une aide, une explication, une piste…Il y a plein de choses possibles.

A coté de ça, pense au fait qu’il y a des types qui se prennent pour lui, des types qui se baladent dans les rues, à travers le monde, persuadés ou presque persuadés qu’ils sont Jésus.

Et bien, ma théorie est que Jésus, s’il veut te dire quelque chose, va par exemple te faire rencontrer un de ces types juste au moment où celui-ci dit, dans son délire, ce que lui-même, Jésus, veux te dire.

Du coup, son message passera via un pseudo Jésus, que tu auras la possibilité de prendre pour le vrai au vu de ton état mystique.

Tu comprends ? (Le premier ne montra rien sur son visage permettant de le savoir –de savoir s’il comprenait–, le second enchaîna 🙂

Tu vois, si tu es très sensible mystiquement et qu’un type qui ressemble à ce que l’on pense du Christ –ou qui se dit être Jésus– t’adresse la parole, tu as une chance de le croire ; et si tu le crois, alors le message passe. Jésus te l’aura communiqué en vous réunissant, toi et le type, au parfait moment.

  • Mais comment tu peux conduire et penser à ces trucs!? Tu vas nous le faire rencontrer ton Jésus si tu continues, et ce sera sûrement le vrai ! à moins qu’on écrase un faux avant…

  • Ca te gêne ce genre de trucs, hein ?

  • Non ! ça me gêne pas. Ce qui me dérange, c’est que tu y penses en conduisant. Car en ce moment, imagines-toi, je tiens vaguement à la vie. Désolé que ce soit incompatible avec ta liberté de penser !

Ils auraient pu chercher à parler d’autre chose. Mais le premier savait qu’il était assez difficile de converser « normalement », « banalement », avec le second, que ça ne l’intéressait guère. Il était donc inutile, après avoir brisé ses rêveries, de tenter ce genre d’échanges. Il préféra plutôt le silence, en essayant de rester toujours vigilant, attentif au comportement de l’autre.

Il se mit très vite pourtant à réfléchir à son tour, glissant dans ses pensées, s’y laissant happer.

Que feraient-ils une fois en Angleterre ? Il ne le savait pas vraiment, mais il sentait que c’était là qu’il la trouverait. Il avait vu des indices depuis quelque temps, presque des preuves. Il pensait qu’à force, un grand nombre de coïncidences devait pouvoir être considéré comme une preuve.

Il était déjà venu à Londres quelques jours, une vingtaine d’années auparavant, lors d’un voyage scolaire ; autant dire qu’il n’en connaissait rien. Son anglais était plutôt moyen, mais suffisant pour se débrouiller ; et il s’améliorerait sûrement rapidement sur place. Il achèterait un guide avant la traversée, mais il avait déjà décidé que son instinct, ses sensations, ses sentiments et ses pressentiments seraient leurs principaux guides.

Le second était plus jeune que lui, il l’avait rencontré à l’usine durant le peu de temps qu’ils y avaient passé tous les deux, une usine de saucisses.

Ils y travaillaient dans une pièce si froide qu’il fallait toujours y être habillé comme en plein hiver, même en plein été. Personne ne se parlait vraiment pendant le travail, travail qui consistait uniquement à mettre une étroite et fine tranche de lard autour d’une saucisse à cocktail ; des milliers de fois. Au début ce n’était pas évident et le premier faisait de son mieux. Mais au rythme de huit heures par jour, on réfléchit, on améliore sa technique, pour aller plus vite, pour être plus performant. On n’a que cela à faire pour tuer la monotonie ; la chef comptant le travail chaque heure, battre son record parait vite être la seule distraction possible

Le plus dur, c’était tout de même le froid ; certains jours, ils devaient se passer les doigts sous l’eau chaude une fois par heure car ceux-ci se gelaient. Régulièrement ils ne les sentaient plus, ils ne pouvaient plus continuer à travailler. L’eau chaude leur redonnait alors doucement vie.

La répétition de ce travail n’avait pas pour lui que des mauvais cotés, le premier y trouvait même quelque chose de « zen » : l’esprit était si peu accaparé par ce qu’il y avait à faire que les pensées se mettaient très vite à affluer.

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