J’avais déménagé, en fait j’avais gravi juste quelques étages car je me retrouvais au cinquième étage de la même adresse, je vivais désormais seul mais ma sœur n’était pas bien loin.
Le psychanalyste était vers les halles, le premier entretien, celui de rencontre dirons-nous, s’était bien passé, c’était en janvier. J’étais très souvent déprimé, en réalité mon journal n’est que souffrance, quand on a connu la mélancolie, on se satisfait presque d’états pourtant terrifiants.
Je souffrais de la solitude, luttais contre le mal, je n’étais plus mélancolique, non, j’étais devenu comme je l’ai dit un dépressif chronique.
Ce fut chaotique, le psy n’y mettait pas beaucoup de volonté, en fait il n’y mettait aucune volonté. Après le premier entretien il est devenu tout de suite très froid. S’il me donnait finalement sa main à serrer lorsque je lui tendais naturellement la mienne en arrivant, il m’en tendait une tellement molle, sans vie, que je compris que cela avait de la familiarité et qu’il n’y en aurait absolument aucune. J’avais peur de lui, je n’osais le regarder, jamais il ne m’a invité à m’allonger, il était face à moi, silencieux et je n’osais le regarder. Je pense que je l’ai très vite gonflé, et d’ailleurs il ne souvenait jamais de ce que je lui avais dit précédemment, de plus je lui parlais aussi de psychanalyse et je n’étais pas là pour ça. Il n’était pas bon je pense, et ses erreurs m’ont fait monter petit à petit.
C’est à la date du 30 avril que sont notés les premiers éléments de l’épisode qui a suivi, une semaine après je suis allé en forêt de Maison Laffitte, j’avais besoin de Nature, je me souviens m’être tout à coup aperçu qu’une biche m’avait vu et me regardait, lorsque je croisais son regard, elle s’enfuie. Ce moment fut magique, comme si par nos regards échangés, elle m’avait passé quelque chose.
Je ne sais comment raconter cette fin d’année, si elle est finalement tragique ou merveilleuse. Le regard que l’on porte sur les épisodes maniaques ne doit pas être trop pollué par l’avis des autres. Moi ils restent je pense les sommets de ma vie, maladie ou pas. Je me souviens de plusieurs épisodes particuliers. Je buvais de plus en plus d’eau notamment. Comme une purification naturelle du corps. Un jour j’ai eu une « expérience », mon premier « passage » dirons-nous. Allongé nu sur le lit les yeux fermés, j’ai senti quelque chose de particulier au niveau du nombril et celui-ci semblait se désenrouler. J’ai senti alors mon ventre gonfler et tendre ainsi le nombril et le défaire, le désenrouler. Mon esprit lui semblait aller ailleurs. Je me souviens avoir entendu deux voix en train de se parler, une scène dans un potager, deux hommes commentaient ma naissance dans un potager, je devais être un chou. Ils disaient quelque chose du genre : Ah le voilà, regardez, c’est Mister Chance ! Comme un naissance symbolique mais les voix me semblaient tout à fait réelles. Mon corps restait sur le lit, je semblais pourtant conscient d’y être toujours mais mon esprit semblait aller ailleurs, semblait voyager. Plus tard, au matin, dans l’autre pièce cette fois, alors que je m’étais allongé sur la moquette. J’ai assisté ainsi à une autre scène. Elle m’a semblé être également ailleurs mais peut-être future. Je n’entendais que les voix, deux hommes homosexuels attendant eux aussi une naissance. Je suis allé à mon rendez-vous chez l’analyste, j’étais très haut, au moment de partir je lui ai tendu mon portefeuille et il ne l’a pas voulu. Vous devez aller à l’Hôtel Dieu me dit-il. Dans le même immeuble j’ai ensuite sonné à une autre porte, une femme avec un bébé m’a ouvert. J’avais la sensation que quelque chose passait par les regards, « Mister Chance, lui ai-je dit, Souvenez-vous ! ». Moi, je me souviens avoir marché ensuite, il faisait chaud. Près du forum des Halles je me suis allongé sur le bitume, j’ai déposé mon portefeuille à coté de moi, et je suis parti.
Plus tard je pense avoir téléphoné à mon père, car je me souviens l’avoir eu au téléphone. J’entendais alors deux voix dans ce téléphone, deux diapasons différents, une voix de mon père qui était gentille mais aussi une autre voix méchante contre laquelle je luttais, cette voix provenait t-elle aussi de mon père ? en tout cas elle était elle aussi dans le téléphone. Plus tard encore une jeune femme dont j’étais proche appela également. Deux voix là encore dans le téléphone, la sienne mais aussi en superposée une autre voix de femme, méchante, comme un esprit ou une voix de sorcière.
Ensuite je me souviens que mes parents sont venus, mon père avait dû comprendre que quelque chose anormale se passait. Je les ai accueillis puis leur ai proposé d’aller faire un tour. J’étais tout à fait calme et de bonne, voir très bonne humeur. Dans la rue j’ai traversé sans regarder un seul instant si une voiture venait, je me sentais protégé, rien ne semblait pouvoir m’arriver. Mon père a pris peur et à alors décider de me conduire à St Anne aux urgences. Je me souviens ne pas savoir où on allait et ne pas apprécier d’être en voiture. Alors qu’il y avait un arrêt de la voiture j’ai même essayé d’en descendre mais mon père m’a retenu. Arrivé à St Anne je me demandais bien ce que je faisais là mais n’avais aucune conscience d’où j’étais. Je me souviens vaguement d’un entretien dans un bureau où je suis sorti par la porte-fenêtre qui était ouverte. Puis d’une infirmière qui me questionnait, et moi qui lui demandais si on baisait ici. Après l’infirmière, mes parents sont partis. Juste ensuite j’ai vu un homme s’approcher de moi puis un second puis un troisième etc. Je ne sais combien ils étaient. Ils m’ont alors sauter dessus, m’ont harnaché à un lit et m’ont piqué. Je n’avais été violent à aucun moment. Je me souviens que la porte s’est fermée, que j’ai compris que chacun de mes membres était immobilisé et je me suis endormi.
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Oui c'est inadmissible et traumatisant, la seule réponse de la psychiatrie est de vous piquer puis vous gaver de médocs et de vous enfermer dans des endroits où il n'y a rien à faire. C'est ça la médecine...