La vie après la mort Cette phase d’hospitalisations avait duré plus d’une année, et je me retrouvais finalement à vivre chez mes parents, tout en montant par le train à Paris pour voir le psychanalyste. J’avais désormais 22 ans. C’est beaucoup une année, surtout à cet âge où les destinées semblent se construire. Je voyais Jérôme de temps en temps, Claire et Nathalia aussi avec qui il avait gardé contact. Je relisais, je n’allais pas si mal. Je pouvais de nouveau rire et ne tombais plus vraiment dans des gouffres nauséabonds.
Ma soeur, qui vivait à Paris et que je visitais aussi, me proposa bientôt de vivre avec elle dans son petit deux-pièces, qu’elle louait près du métro Arts et métiers à Paris. Je la remercie pour cela. Durant de longues années ma soeur a été près de moi, à m’aider. Ce sont des jours finis, mais je n’oublierais pas cette période et cette aide.
Je ne faisais rien de précis, je réapprenais à vivre, juste à vivre, c’était bien suffisant, il fallait aller étape par étape. Et que faire? la prépa c’était loin et les inscriptions universitaires déjà faites. Travailler? trop tôt sans doute. Non il fallait me réhabituer au monde, simplement à vivre. Une autre vie commençait: j’avais vécu ça, ça que les autres ne peuvent comprendre. Je suis retourné voir le psychiatre qui m’avait aidé au départ et, j’ai vite laissé tomber l’analyste que je ne pouvais d’ailleurs payer qu’avec l’argent de mes parents. Je vivais je pense alors avec un petit budget comme si j’avais été étudiant. J’allais souvent au cinéma alors, le cinéma a longtemps été une passion passive importante dans ma vie. J’ai ressenti adolescent de nombreuses émotions en allant au cinéma, je pense que c’est important d’ailleurs, que cela m’avait construit légèrement différemment des autres. Les émotions se forment aussi devant les écrans de cinéma, c’est certain. Je lisais de nouveau un peu, et surtout, tenais des petits carnets à spirales où je déposais un peu mes pensées.
Je sortais aussi avec un ami du lycée que j’avais retrouvé par un hasard, un heureux hasard, Nicolas. Nous allions souvent dans le même bar, près de chez son amie. Toute une petite troupe de jeunes passait, et dans ce bar, et souvent dans cet appartement.
Beaubourg aussi, j’avais pris un pass à l’année, à mon âge ce n’était pas cher. J’allais au musée et expositions, je me souviens très bien de Tony Cragg, sculpteur anglais que j’ai suivi par la suite. Mais aussi beaucoup à la bibliothèque. C’était avant sa réfection, il y avait moins de monde, pas cette pénible queue à faire dorénavant.
L’année est passée facilement ainsi, et l’idée a germé d’aller m’inscrire l’année scolaire suivante en psycho à la fac. Pour essayer notamment de comprendre ce qui m’était arrivé. Mais aussi parce que ce sujet, la Psychologie, était devenue par contrainte, dirons-nous, le principal de mes réflexions. J’avais de plus la possibilité de ne suivre que les modules relatifs à la psycho, de par mon passage en Math Spé, sept sur douze, le DEUG en une année donc.
J’avais aussi trouvé un petit job de surveillance dans une école primaire de Montmartre: je faisais la surveillance du repas de midi, puis la cour, et les études deux fois par semaine. Très vite à la fac, j’ai eu envie de retourner voir un analyste. A cette époque, je ne prenais plus de médicaments. J’étais sorti de l’HP clean pourrait-on dire.
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