Coulommiers A la suite de mon renvoi de Dupré, je me souviens vaguement avoir atterri dans un grand hôpital psychiatrique affreux. Que des vieux abîmés déambulant, laissés là, mes parents m’ont fait rapidement sortir et j’ai été hospitalisé près de chez eux, à Coulommiers. C’était nettement mieux.
J’étais choqué des derniers événements mais je n’allais pas si mal. Le médecin était intelligent. C’était à la campagne et j’étais libre de sortir dans le parc, je me demande même s’il était clôturé. Très vite j’ai eu une chambre seule, et avec télévision! Si si, pas mal de confort. Aux entretiens, je citais des grands auteurs et je me suis rapidement senti mieux: je veux dire mieux qu’à Dupré même, presque revenu à une humeur normale et reconnue. Il y avait aussi un psychanalyste qui venait le mercredi, je devais le voir. Je dois dire que j’étais un peu considéré à part je pense par le médecin, j’étais un jeune brillant si l’on peut dire, cultivé et sortant de classes préparatoires, il a pris particulièrement soin de moi. Le psychanalyste ne m’apportait pas grand chose et c’est pourtant lui que j’ai revu ensuite, dans son cabinet parisien.
Il est difficile de décrire un hôpital psychiatrique car en fait aucun ne se ressemble. Celui-ci était grand, clair et en bon état, les patients étaient pour la plupart des chroniques. Je m’étais pris d’une certaine affection pour certains. Il y avait des fans de Johnny Hallyday -il y a souvent des fans de Johnny Hallyday dans les hôpitaux psy, je n’en tirerai aucune conclusion…- des débuts d’Alzheimer et aussi un dénommé Robert, grand fumeur. Robert était la plupart du temps enfermé en isolement, mais chaque matin il le sortait. Il avait alors droit à un paquet de cigarettes, des gauloises je crois, qu’il fumait en continue pendant environ une demi-heure, assis sur une chaise, allumant chaque cigarette avec le reste de la précédente, il fumait sans cesse, une à une tout le paquet. Il passait le reste de sa journée à en réclamer d’autres aux autres patients ou visiteurs. Il ne parlait pas, mimait juste continuellement le geste de fumer à tous ceux qu’il croisait. Telle était sa vie. Je ne sais pas depuis combien de temps il était là, des années sans doute. Quelle était sa pathologie? Mystère. Quelle avait été sa vie? Mystère. Il devait avoir environ cinquante ans et était plutôt en bonne forme physique. Je me souviens aussi de Marie-Louise. Elle c’était l’ascenseur, elle demandait perpétuellement à être accompagnée jusqu’à l’ascenseur afin de pouvoir retourner à l’étage, une fois en haut, elle redescendait par les escaliers et revenait formuler sa demande, ainsi elle aussi toute la journée. Nous mangions en réfectoire, la nourriture n’était pas très bonne, mais ça allait. J’aimais finalement assez cette ambiance, je me sentais plus spectateur qu’autre chose. Il y a eu quelques dérapages, une fois j’ai été attaqué par un patient que je connaissais pourtant bien et avec qui j’avais plus ou moins sympathisé. Il était sorti depuis quelques jours, de retour, me voyant dans le couloir il a voulu me sauter dessus. Il n’eut par la suite aucune explication à son geste. Je me souviens aussi d’un jeune black qui m’a soufflé un jour vouloir tuer quelqu’un. Mais l’incident le plus important à mon goût vint d’un infirmier de nuit qui a voulu faire du zèle. Il y a eu incident et certains ont été enfermés en isolement. Le lendemain, le médecin a écouté tout le monde, moi compris, et c’est l’infirmier qui a finalement été rappelé à l’ordre. C’était un bon médecin, assez jeune encore, pas trop abîmé je pense.
Je crois que j’y suis resté un mois et demi en tout. A la fin, me sentant bien, j’ai même demandé l’arrêt des anti-dépresseurs, le médecin m’a suivi. Il faisait beau, j’étais souvent dans le parc, je suis sorti dans de bonnes conditions.
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Bonjour Arthuro, Bengano, Bouddha O, Entonne 1 art O, O vert, Nemapode!
Je ne sais pas si cet ordre est le bon.
Permet moi de t'appeler "Toi", car assurément pour moi tu est avant tout toi et aucun autre.
J'avais peur que l'Histoire découverte il y a quelques jours ne soit à jamais terminée (Il semblerait que bon nombre de bipolaires ne trouve pas le courage d'aller jusqu'au bout d'une vie de souffrance.)
Mes recherches me prouvent avec soulagement que non.
Un commentaire, que tu peux retrouver ailleurs, indique déjà que l'impatience peut blesser par ses nombreuses questions sans assez de réponses, alors que la patience finalement "tue" par aucune réponse car il n'y a plus aucune question!
Je redeviens modestement impatient, et comme on ne veut pas lâcher un bon livre, j'ai hâte de connaitre les 4 dernières années!
Thierry
Bravo Thierry, comment connais-tu tous mes pseudos?
Effectivement malheureusement beaucoup de bipolaires ne vont pas au bout, mais je suis encore là... Je suis un guérrier dans mon genre...
Merci pour ton message et à bientot.