Je n’étais pas un enfant difficile, je ne me souviens d’aucune grosse bêtise, et ne pense pas qu’il y en ait eu. Personne d’extérieur ne s’est jamais plaint de moi, et à l’école j’étais toujours premier, chaque mois. Être premier était presque une fatalité d’ailleurs pour moi, l’image du premier de la classe véhicule chez les autres des clichés et je pense que cela me complexait presque d’être premier. Mais je pensais qu’il en était ainsi -malgré moi, je ne le faisais pas exprès- et qu’il allait toujours en être ainsi. J’étais timide, mais j’avais des camarades. L’un d’eux était un fils d’immigré yougoslave, Mathias, plutôt l’un des derniers lui. Je l’ai souvent cherché sur le net par la suite, je crois qu’il est entraîneur propriétaire de chevaux de course, des chevaux de trot. Je suis né à Clermont Ferrand ; bébé, l’eau au robinet était de la Volvic. Nous ne sommes pas restés, Maine et Loire jusqu’au CP puis Nevers jusqu’à la fin du collège. Mon père était ingénieur, fier de sa réussite lui permettant de nourrir sa famille sans que sa femme ait à travailler. Il connut pourtant plusieurs fois le chômage et c’est pourquoi en principe nous déménagions, changeant de lieu lorsqu’il retrouvait du travail. C’est en caravane d’ailleurs que nous avons atterri à Nevers, restant en camping le temps de trouver un logement. Je me souviens avoir appris ma toute première leçon scolaire en caravane, elle disait : « Les Gaulois savaient cultiver la terre, tisser des étoffes, forger des outils en fer ».
J’étais dans une école privée catholique, une école libre disait-on alors, ce n’était pas spécialement strict mais il y avait des cours de catéchisme et des messes régulières dans la petite chapelle de l’école. Mon père avait fait le séminaire, seul moyen pour lui, enfant de famille nombreuse modeste de faire des études, il avait alors fait les trois voeux, pauvreté, chasteté et obéissance. Il en partit pourtant. Mais les livres qui datent de cette époque montrent qu’il baignait alors dans quelque chose de très religieux. Ceci explique peut être pourquoi je me suis retrouvé dans cette école. Je croyais en Dieu, chaque soir à l’aide d’un joli chapelet je priais. J’ai fait les deux communions, mais n’est jamais confirmé. J’étais un enfant désiré et je crois qu’ils ont été particulièrement heureux de tomber sur ce qu’on appelle le choix du roi, une fille et un garçon. Ma sœur était de quatre ans mon aînée. Les rapports avec ma mère étaient et sont toujours particuliers. Mes parents étaient stricts, l’ordre régnait à la maison et les coups pouvaient pleuvoir… Lui parfois, et elle aussi. Je me souviens du jour où j’ai arrêté sa main pour la première fois, j’étais devenu trop grand, plus fort qu’elle. Elle comprit et je compris que ce serait alors fini. Je me souviens aussi de la dernière raclée de mon père. J’étais adolescent, c’était une fête familiale, et il me demandait de débarrasser la table. Je pris toutes les assiettes sauf la sienne. Il se leva furieux et je compris qu’il allait frapper, je me couchais au sol impuissant, devant tout le monde, et reçu ainsi allongé ses coups de pieds. La plupart du temps les coups venaient après m’être disputé avec ma sœur, c’était alors toujours moi qui prenait. Il n’y a jamais de bonnes raisons de toutes façons de frapper un enfant, cela ne devrait pas exister. C’est d’un autre temps.
Le fait que ma mère me frappe parfois influençait évidemment le lien que nous avions. Je l’aimais et je la haïssais, et il en est toujours ainsi, je ne semble pouvoir faire autrement. Mon père c’était différent, c’était plus distant et j’acceptais plus facilement je pense qu’il représente l’autorité, contrairement à ma mère je ne lui en veux pas, je pense à lui souvent, je me dis alors que la mort n’existe pas vraiment, qu’il peut me voir, et qu’il est fier de mes combats. Mais enfant ce n’était pas si simple.
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