28-Les trois coups
Ma mère est rentrée quelques jours plus tard, début janvier donc, je ne savais pas où elle avait passé les fêtes. J’étais dans la baignoire et je l’ai entendu parler à quelqu’un, un chauffeur de taxi peut être ou un voisin venu la chercher à la gare. La suite est floue, la discussion est vite revenue à cette histoire de paiement auquel elle ne voulait rien entendre. C’était devenu on ne peut plus urgent. Elle s’obstinait sur sa crainte irrationnelle de communiquer les coordonnées de sa carte. Je me suis énervé et lui ait assené trois coups secs sur le haut de la tête avec ma paume de main, bien sûr que je n’aurais pas dû, elle s’est mise à pousser des cris d’hystérie et je suis sorti pour me calmer et faire quelques courses. Je pense que ce sont les seuls coups que je n’ai jamais portés à un être humain, même par jeu, je n’ai jamais été violent. Ce fut trois coups que je frappais à la porte de l’enfer, trois coups de vengeance aussi et de désespoir, trois coups sans doute écrits depuis bien longtemps, trois coups d’impuissance. Lorsque je suis revenu de courses elle n’était plus là et quand je suis ressorti deux policiers m’ont attrapé et menotté et je me suis retrouvé au commissariat. Là attaché à une chaise j’ai appris qu’elle était venue porter plainte et que je me retrouvais en garde à vue. Dans la petite cellule, je réussis à rester très calme et même à rentrer en médiation. Le lendemain on me proposa de voir psychiatre ou avocat, je demandai à voir les deux. L’avocat m’expliqua qu’il n’était là en rien pour me défendre mais juste pour vérifier que la garde à vue se passait dans de bonnes conditions, j’expliquai au psychiatre la scène avec ma mère et il me dit un truc du genre « ah les mères ! » et je pus repartir avec les policiers. La garde à vue fut alors prolongée et, pour en finir je pense, je redemandai à voir un psychiatre. Tous les déplacements se faisaient évidemment menotté. Cette fois-ci un autre psy apparemment énervé qu’on le dérange me garda en hospitalisation d’office. Et je me retrouvais en cellule d’isolement. Le soir le médecin responsable vint me voir, je la connaissais, c’est elle qui m’avait fait passer en clinique par deux fois lors de mes derniers séjours. Quand la porte s’ouvrit j’étais assis en tailleur sur le lit, très calme. En un instant elle me dit : « Vous n’allez pas bien du tout Mr Jobsquare, etc. ». Comment pouvait-elle donc tirer cette conclusion alors qu’elle venait d’entrer ? J’ai eu beau contester, je suis resté en isolement environ une semaine. Je ne me suis pas plains, j’ai demandé à pouvoir écrire et j’ai rempli ainsi plusieurs feuillets par jour, je lui écrivais mais je ne sais pas si elle m’a jamais lu. Ensuite ils ont eu besoin de la place pour un agité et je suis sorti d’isolement pour me retrouver en dortoir. C’est là que tout s’est renversé. Je suis parvenu encore un temps à trouver des endroits où rentrer en méditation mais les anti-psychotiques ont du tout perturber. Je ne sais pas ce que j’avalais exactement, sans doute une camisole chimique non nécessaire. Le bâtiment était exigu, il n’y avait pas de cour pour les patients, un pensionnaire fabriquait des cigarettes avec des mégots et les partageait avec moi, je me suis ainsi remis à fumer, la chasse à la cigarette devenait l’activité des journées. C’était pénible car toujours bruyant, anarchique des deux cotés, patients et médecins. Une femme est morte, une vieille femme sous la douche, arrêt cardiaque. Le médecin ne voulait rien écouter de mes histoires de banque, elle ne voyait que le fait que j’avais laissé mon appartement sans le payer et les dettes ainsi accumulées, elle décida de lancer une procédure de mise sous protection auprès de la juge des tutelles, pour m’aider… Au bout de deux mois le préfet ôta enfin l’hospitalisation d’office et je pus sortir. Cela ne dura qu’une journée. Juste le temps pour mon ami de déménager avec moi l’appartement, et je demandai aussitôt à être à nouveau hospitalisé, je n’étais plus capable de rien, la mélancolie venait de m’ensevelir à nouveau, sa prison était la pire de toutes, je retournais dans l’absolu cauchemar.
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je crois que vous aviez raison, ce ne devais pas être un hazard que je découvre votre blog, et je pense que nous savons tous les deux pourquoi . Cette maladie peut faire beaucoup de dégats, tous ceux qui y sont confrontés sont bien souvent desarmés et réagissent avec leur souffrance …. plus tard arrivent regrets et culpabilité mais cela ne résoud rien, la solution je crois vous l’avez trouvée en ecrivant. Cela permets à tous de relire les événement avec distance, j’espére de tout mon coeur que votre famille lira votre blog et qu’ils comprendront . Votre parcous montre bien une errance, des voyages multiples comme des fuites mais exprime aussi toutes vos ressources et votre humanité, j’aime la façon dont vous parlez avec tant de respect des personnes que vous croisez …( je suis à la moitié de vos ecrits, je vais me coucher ….)