Aix en Provence Il y a un événement que j’ai oublié, je pense qu’il se situe entre Calais et Oppedette : je suis passé à Lyon et j’ai frappé à la porte de ma sœur qui l’a entrouverte et ne m’a pas accueilli. Elle m’a donné un billet de cinquante euros pour dormir ailleurs. J’ai dormi ailleurs, dehors sur un petit chemin de terre, et c’est pourquoi j’ai pu par la suite acheter un sac de couchage sur un marché. C’est en faisant une nouvelle fois du stop que je me suis rendu à Aix. Dans le véhicule qui m’y conduisit trônait une statuette de Krishna. Encore une fois : quelle pouvait donc être la probabilité de tomber sur un véhicule avec une statuette de Krishna fixée sur le tableau de bord ?? Le conducteur avait passé dix années de sa vie en Inde et habitait désormais Marseille. Il me déposa tout près d’Aix.
Aix est une jolie ville. Une rue porte mon nom. Je n’étais jamais tombé sur une rue portant mon nom, après vérification elle est la seule de France. C’est une petite rue en hauteur de la ville, un magasin d’art exotique y est installé. Sur sa droite se trouve une cour où les propriétaires du magasin ont installé un grand bouddha en pierre. Un bouddha en pierre, en France, dans une rue qui porte mon nom… seule rue de France qui porte mon nom…
La première nuit je l’ai passée dans un parc près de l’université, mais l’endroit la nuit était le point de rencontre d’homosexuels et je n’ai pas vraiment aimé sentir ces présences près d’où j’étais allongé. Par la suite j’ai trouvé un hangar. Enfin je ne sais pas si c’est le terme employé pour ce genre de construction ouverte, juste deux murs et un toit. Une remorque y était entreposée, des matelas empilés reposaient dessus et installé au sommet j’y dormais à l’abri dans mon sac de couchage. Un cheval blanc vivait tout près dans un pré clôturé. Chaque soir en rentrant à la nuit tombée j’allais lui faire une petite visite et le caressait un peu. Le matin je me rendais dans un centre social où je pouvais me doucher et prendre un petit déjeuner. J’y prenais en principe également le repas de midi et récupérais quelques provisions le vendredi aux restaurants du cœur dont la permanence était au même endroit. Je ne leur demandais que ce que je pouvais consommer sans ustensile. Des fruits par exemple, du lait, et aussi du riz que je croquais parfois le soir lorsque j’avais vraiment faim.
A la banque j’ai pu cette fois retirer de l’argent avec ma seule signature. Ce qui prouve l’incompétence de l’agence de Calais. J’allais très souvent à la bibliothèque où je pouvais lire et utiliser les ordinateurs. Je me souviens d’un livre d’Histoire : Voyantes, guérisseuses et visionnaires en France (1795-1914) qui était très intéressant, et d’une série de livres sur de prétendus contacts extraterrestres. Le reste de mes journées je le passais dans le parc où j’avais dormi la première nuit, y faisant parfois des rencontres avec des étudiants, dont un joueur de didgeridoo qui me ramena plusieurs fois chez lui. Je pense être resté plusieurs semaines. Il faisait encore assez beau, c’était agréable. Le soir je voyais une étoile orange dans le ciel. Est-ce normal ? Y a-t-il une étoile que l’on voit orange ? Je pensais qu’elle avait pu être mise par Krishna pour m’aider et m’accompagner. J’avais toujours mon enregistreur vocal et m’en servais souvent pour conserver mes réflexions. Un soir particulier, après un de ces enregistrements justement, je vis une traînée de lumière dans le ciel, comme un ensemble d’étoiles filantes, en boule, dans le ciel sombre. Cela a-t-il eu lieu ? Je ne sais pas. Je n’en suis toujours pas sûr. Ce dont je suis paradoxalement certain, c’est de l’avoir bel et bien vu.
Il y a beaucoup d’églises à Aix en Provence et cela donne une atmosphère particulière. On peut aussi trouver des statues de la vierge encastrées dans les murs au hasard des rues. Je rentrais souvent dans ces églises, j’ai d’ailleurs assisté à une messe et ai communié. Une fois par semaine un groupe de prière se réunissait et je m’y joignais. Un dimanche j’ai fait une nouvelle fois du stop jusqu’à Marseille, sur le vieux port alors que je m’étais allongé sur des rochers et trempais mes pieds dans l’eau, on me vola mon sac contenant un exemplaire du Srimad-Bhagavatam et mon enregistreur vocal, une bien mauvaise surprise. Je passai une nuit au Samu social dans de très mauvaises conditions puis rentrai à Aix.
Avec l’argent récupéré à la banque j’ai décidé d’aller voir une voyante, peut être cela pouvait-il m’aider. En tout cas je pensais qu’il me fallait essayer. J’ai pris un train car c’était en dehors d’Aix et son mari m’attendait à la gare. Elle avait aménagé une petite pièce à son domicile afin de recevoir, il y avait notamment un poster de Ganesha au mur et d’autres déités Hindous. « Oh la la, il y a du monde ! » me dit-elle alors que je rentrais dans la pièce. Oh oui, il y avait sans doute du monde, car je me sentais encore une fois accompagné. Elle ouvrit la porte du fond de la pièce comme pour les faire partir. Elle mit aussi un châle sur ses épaules car certains semblaient passer par elle et la glacer alors. Elle me dit plein de choses intéressantes, me parla de mon père « il est venu avec un karma, et a vécu son karma, il ne faut pas t’en occuper, toi tu es une âme beaucoup plus vieille comme ta mère que tu as déjà connue dans d’autres vies », elle savait donc mon père décédé. Je posais des questions auxquelles elle répondait en semblant interroger d’ « autres », cela se passait très bien, elle était très sympathique et nous semblions avoir une sorte de connivence d’initiés. C’était étrange, comme deux inconscients, ou subconscients, qui se connectent et discutent de quelque chose, presque indépendamment de leurs personnages, personnages alors témoins. Elle m’a ensuite parlé d’une femme que j’allais rencontrer et qui allait m’aider à avancer différemment. Mais je ne pense pas qu’elle vit ce qui allait suivre, en tout cas elle n’en parla pas.
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