C’était un grand appartement. Je n’avais pas besoin de si grand mais je n’avais pas vraiment choisi, il m’en fallait un vite, j’avais pris celui-là car il était disponible. Je l’ai à peine meublé, un futon, un fauteuil de récupération et quelques coussins. Je ne me souviens pas très bien de cette période, elle est confuse, et tout porte à croire avec le recul qu’il s’agissait bien d’une montée en phase maniaque. Mes ambitions nouvelles pour me réintégrer à la société n’étaient peut-être pas viables, mais il fallait bien croire en quelque chose. J’avais pensé à diverses choses, recevoir des élèves en difficultés scolaires notamment, j’avais réservé un coin de l’appartement pour cela. Monter une petite entreprise de services en informatique, aide et conseils d’utilisation marketing de l’Internet, ou quelque chose comme cela. Si possible avec de l’expérience, tenter aussi l’aventure en Angleterre et pouvoir vivre entre les deux pays.
Je m’étais bien renseigné et avais rédigé un contrat-type. Je ne voyais personne ou presque, et de toutes façons personne ou presque ne voulait me voir. Anticipant le succès ou le développement de mon entreprise j’ai acheté une carte fréquence Sncf qui m’a coûtée assez cher, je faisais aussi certaines autres dépenses farfelues, des vêtements pour enfants par exemple. Et avais commencé des cours de mandarin avec un professeur particulier. J’étais totalement déstructuré, socialement déstructuré, mais je luttais. Mon coté spirituel revenait, je rentrais assez souvent en méditation, j’avais aussi acheté un livre sur le tarot chinois dont les arcanes m’aidaient, bougies, encens. Je ne sais pas exactement quand j’ai lu Ma vie de Carl Gustav Jung mais je sais que cela m’a beaucoup influencé, je me retrouvais tant dans certaines expériences mystiques de sa vie. Je le considérais comme une sorte de père intellectuel. Je me souviens avoir pris quatre livres à la bibliothèque, La foire aux immortels d’Enki Bilal, La voie de l’énergie (éveil et développement du chi, ou énergie vitale) de Vlady Stevanovitch, Un mythe moderne de C. G. Jung (où il s’interroge sur la mythologie des soucoupes volantes) et un livre énorme sur Antonin Artaud, avec en couverture son visage jeune qui habitait mon quotidien, seule image d’un autre. Savez-vous qu’Artaud a vécu des choses très particulières ? il a crû être la réincarnation du Christ notamment, enfin c’est ce que je crois avoir lu. Savez-vous qu’Artaud et Lacan se sont rencontrés? et qu’Artaud détestait Lacan? c’est bien de lui qu’il parle dans son Van Gogh, le suicidé de la société, docteur L. il l’appelle. Moi je suis allé voir une psychanalyste Jungienne cette fois-ci, et je tentais de lui dire ce qu’il m’arrivait, notamment mon rapport à Jung. La synchronicité m’a toujours interpellé, le fait que certains hasards semblent porter la marque du divin ou du surnaturel, le sceau de l’étrangeté dans tous les cas. J’ai souvent lu Paul Auster qui remarque aussi cela. Souvent à Montréal cela m’était arrivé, d’étranges coïncidences. Jung a insisté sur l’importance des mandalas et considérait le Christ et Siddhârta comme des archétypes d’homme-dieu, à la fois hommes-dieux et archétypes. Un jour en sortant de chez la psychanalyste, où j’avais dû évoquer le sujet, j’ai fait quelques pas sur le trottoir, et dans la vitrine d’un marchand de puzzles, j’ai vu un énorme mandala. Pourquoi suis-je ensuite rentré dans une boutique de meubles, sur la place, avant de prendre le métro ? Je ne le sais pas. A l’étage était un superbe canapé moderne, j’ai consulté instinctivement l’étiquette, il s’appelait Mandala.
Je crois que c’est là que cela a vraiment commencé. Plus tard, dans une brocante j’ai acheté une croix, une superbe croix en métal et incrustée de pierres oranges, et deux livres, Le seigneur des anneaux en anglais : The Lord of the rings, et un livre sur l’histoire du Christ. Je me souviens qu’après une phase de méditation, ou devrais-je dire de connexion? J’ai ouvert le second livre et suis tombé sur ces mots : Le destin de l’homme-dieu…
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Y a-t-il une raison à l'ordre de tes notes qui , en fait, sont dans le désordre du point de vue de la numérotation ?
Continue, tu sais mettre l'eau à la bouche ! ;o)