Les jours tristes Je recompose plus que je me souviens de la suite des événements. Je suis allé à l’hp tout d’abord, un hp du 93, quelques jours. Mais il a semblé tout de suite clair au médecin que je ne pourrais pas vivre ma mélancolie dans ce lieu et elle m’a transféré dans une grande clinique de la région parisienne. C’est un certain Docteur J. qui m’a reçu. J’étais dans un drôle d’état, comme sonné par la douleur. Je pense que cette hospitalisation a duré plusieurs mois. Le docteur J. a voulu lire mes romans et je lui ai passé copies. Ce fut une erreur. Il a ensuite décrété que j’étais écrivain, et essayé de me forcer à écrire, une sorte de tentative de sauvetage par l’écrit. Mais je ne le pouvais pas, ne comprenait-il donc rien à mon état? Il me faisait parfois attendre des heures dans la salle d’attente alors qu’il m’avait appelé pour un rendez-vous, c’était son grand jeu, faire attendre ses patients, il devait considérer cela comme thérapeutique… Assis en face de lui il m’écoutait à peine, et rien n’avançait. Il y avait un grand tableau au mur, on aurait dit une immense bouse d’excrément. Un jour il m’a même emmené à St Anne un mercredi pour une présentation de malades, un double diagnostic à ce qu’il disait. Tel un singe je me suis retrouvé parmi une assemblée de médecins ou élèves, autour d’une sorte de maître que je semblais beaucoup amuser. Mais rien n’avançait, et certainement pas l’écriture.
C’est là que je me souviens d’Anne. Depuis combien de temps y étais-je? Je ne saurais pas dire mais Anne a changé la donne car j’en suis tombé amoureux. Allais-je mieux? je ne sais pas vraiment, mais j’arrivais à ressentir. La première fois que je l’ai vue, elle peignait une chute de femme au fond de l’atelier d’ergothérapie, elle avait fait les beaux arts. Elle était très belle. Je crois que c’est elle qui m’a donné un baiser un soir.
Je me souviens d’un autre personnage, lui avait écrit un scénario et voulait qu’il soit tourné avec Pacino et De Niro sinon il se donnait la mort. Il comprenait bien que cela était quasi impossible et c’est justement pour cela qu’il voulait se donner la mort. Je ne sais pas ce que valait son scénario, mais je sais que le docteur J. ne voulait pas le laisser sortir. Anne avait une chambre juste au dessus de la mienne et c’est avec grande surprise que je vis un soir une bouteille descendre par la fenêtre au bout d’une ficelle. Une petite bouteille d’eau vide et contenant un message, nous avons commencé à communiquer ainsi, si romantique…
Et puis il y a eu la sismo, c’est moi qui l’ai finalement demandée.
La sismo, ce sont les électrochocs modernes. Sous anesthésie générale, on crée une crise d’épilepsie par décharges électriques dans le cerveau. On pratique la sismo en cas de dépression lourde ou de mélancolie lorsque le sujet ne réagit pas aux anti-dépresseurs. Au réveil vous ne vous souvenez plus de rien, même votre nom semble difficile à trouver, puis les souvenirs reviennent petit à petit. Mais à long terme, il est toujours difficile pour moi de me souvenir des périodes liées à la sismo. La sismo est évidemment un traitement lourd mais dans de nombreux cas elle est efficace. Je suis peut-être allé mieux par moments grâce à elle mais cela n’a pas duré. Puis je me suis retrouvé à l’hôpital psychiatrique sans trop savoir comment. Anne juste sortie je crois avait écrit une lettre au Docteur J. en disant que j’avais entre autres essayé de l’étrangler !! Lui ne m’a pas donné d’explication, et le pire est que j’ai dû vivement insister pour récupérer mes romans, il voulait les garder. Je n’ai évidemment pas essayé d’étrangler Anne, j’ai revu Anne d’ailleurs, après, elle avait fait cela comme un trait de sa pathologie dirons-nous : elle avait des antécédents dans ce genre. Elle n’était pas suivie par le Docteur J. mais il aurait pu se renseigner auprès de son collègue avant de prendre bêtement cela pour argent comptant. Ce médecin est une nuisance, il met des vies en danger par sa bêtise.
J’insiste un peu car j’ai ensuite découvert un article de lui dans une revue spécialisée, cela s’appelait La folie est elle une idéologie ? C’est la psychiatrie bonhomme qui est une idéologie. A l’hp j’ai revu le même médecin que la première fois, elle m’a cru : vous n’avez pas de chance Mr Jobsquare m’a-t-elle dit. Et j’ai changé de clinique.
Nouvelle série de sismos, sans résultat. Le médecin cette fois était un rigolard qui ne se prenait pas comme l’autre pour un intellectuel et cela s’est mieux passé. Je suis pourtant resté plus de quatre mois. Je ne prenais plus de lithium, je crois que c’était une idée de l’idéologue afin de se concentrer sur la dépression, au bout d’un moment je suis allé mieux mais je n’avais en France rien pour me loger ni de finances pour vivre.
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C'est certain que pour comprendre les choses il faut les vivre de l'intérieur, toutefois méme si on ne comprends pas on à accés aux ressentis, à l'expression de la souffrance de ce personnes dés lors qu'elle nous fait le cadeau de sa confiance et se confie, dès qu'on arrive à grandir dans l'humilité, le respect,l' écoute active., Cela peut, parfois, aider à tendre la main le plus adroitement possible lorsque notre aide est désirée.J'ai partagé avec beaucoup de personnes atteintes de ce syndrome de maniaco-depression et j'ai découvert des être exeptionnels, extraordinaires d'intelligence, de sensibilité, ce que j'ai cru comprendre c' est que cette hyper sensibilité les fragilise, les rends trés vulnérable car ils perçoivent avec beaucoup plus d'intencité que nous les injustices, les malhonnétetés et ils en souffrent profondément ? ais je tord ? ais je raison ? c'est le fruit de mes échanges...J'ai vu l'expression de cette sensibilité au travers de l'art, de la musique, de l'écriture mais malheureusement aussi des autolyses ... c' est pourquoi je ne comprends pas qu'un PSYCHIATRE qui ait fait tant d'années d'études ne puisse pas ecouter et être celui qui permets à l"émotion de se libérer ... comment peut on soigner en laissant les choses enfermées à l'interieur ... les médicaments mémes si ils sont parfois indispensables ne suffisent pas, je pense ( peut être à tord) qu'il faut une prise en charge pluri thérapeutique, médicaments, psychothérapie, accompagnement familial, respect de l'hygiéne de vie ect....)je ne suis pas si sure que tous les gens " normaux" soient plus sains d'esprit que les "bipolaires", quand on constate certaines reactions hostiles et inhumaines des " normaux" franchement je me pose de sacré questions. qu' est qu'être normal ? qu'est ce qu'être sain d'esprit .... je ne sais plus ...
Lorsque je te lis je ressens ton mal être, l'incompréhension de ces "médecins" qui pensent nous comprendre mais qui semblent être aux antipodes de nos souffrances.
J'espère de tout coeur que pour toi aujourd'hui que tu as un suivi psy sérieux que les médocs t'apaisent et surtout que tu as trouvé de quoi te loger convenablement
Bonjour, toujours un grand plaisir de te lire. Tu m'aides à mieux comprendre mon compagnoon.
Tes textes me font toucher du doigt ce qu'il vit dans sa mélancolie. Si autant faire se peut qu'une personne non bipolaire puisse ressentir la douleur que vous vivez par épisodes. J'espère que tu vas bien pour le moment.
Pour Freud la normalité n'existe pas, les plus chanceux sont névrosés, les moins chanceux psychotiques et il y aussi le groupe des pervers. A chacun sa structure psychologique.
Plus je regarde autour de moi, plus je trouve les gens malades effectivement, il y a alors deux groupes, ceux qui le reconnaissent et qui cherchent de l'aide pour se soigner, et ceux qui sont dans le déni.
Il vous faut bien comprendre que la grande majorité des psychiatres sont mauvais, non seulement ils ne comprennent pas les théories psychanalytiques, mais ne s'y intéressent même pas, est-ce un problème d'intelligence, je le suppose, il se contentent de donner des réponses médicamenteuses et basta, il passent à un autre patient. Je reconnais que ce métier est très difficile, mais l'honnêteté serait de ne pas l'exercer lorsque l'on n'y comprend rien.
J'ai du voir une trentaine de psys dans ma vie, je dirais que trois ou quatre étaient de bons médecins, souvent lucides de leur impuissance face à cette maladie.
Il vous faut en trouver un bon pour votre fils et faire surtout très attention à qui vous le confiez.
Personne ne peut nous comprendre, seuls les bipolaires peuvent se comprendre entre eux, car on ne peut imaginer une telle souffrance en étant "sain d'esprit", il ne faut pas trop compter sur les médicaments ils ne guérissent rien, mais ça ne m'empeche pas d'en prendre sans en prendre trop. J'ai bien trouvé de quoi me loger, pas de prob à ce niveau là merci.