Le détachement matériel J’ai pris le ferry, comme une petite croisière. Puis un car jusqu’à Londres. J’étais évidemment en pleine forme. Une des premières choses que j’ai faites fut d’ouvrir un box dans une société de stockage et de payer plusieurs mois d’avance. Mes enregistrements et la caméra furent ainsi mis en sécurité. J’ai passé plusieurs jours à l’hôtel, à Camberwell tout d’abord, comme un retour aux sources, puis à Elephant and Castle que je connaissais bien. J’ai revu Todd, un de mes anciens colocataires, il vit désormais en Suède mais était là pour quelques jours, nous avons dîné ensemble. A Elephant and Castle ma chambre était assez grande et plutôt confortable, un soir j’ai eu un « passage ». Il est très difficile de parler des expériences mystiques, disons que celle-ci, enregistrée par mon lecteur audio, fut une des plus intenses, rentré en méditation je citais des noms comme Jung et Swedenborg et à chaque nom je semblais passer des étapes.
Le lendemain dans l’ascenseur je rencontrais un jeune bouddhiste et sa mère venus pour un stage dans un centre bouddhiste voisin, ils ne restèrent qu’un week-end mais cette rencontre ne me sembla en rien le fruit du hasard. Je sortais souvent marcher dans la ville, j’étais heureux de retrouver Londres. Au moment de payer le nouvel hôtel ma carte bancaire ne voulut pas marcher et je dû appeler l’agence à Paris afin qu’ils rétablissent cela. Il me restait de l’argent sur mon compte, pas énormément mais il m’en restait encore. Quelques jours plus tard pourtant j’ai été mis assez violemment à la porte car ma carte refusa de nouveau de fonctionner, et fut même avaler par un distributeur. Je me retrouvais sans argent. Juste sorti de l’hôtel avec mes bagages, je suis tombé par chance sur un billet de banque au sol qui me permit de ne pas passer la nuit dehors. Je fus recueilli les jours suivants dans une pension tenue par des sœurs catholiques, l’armée du salut m’avait donné leur adresse. Toutes les informations données par ma banque pour me permettre de récupérer de l’argent se révélèrent obsolètes, donc fausses, le crédit lyonnais ayant fermé depuis peu ses agences de liaison en Angleterre sans que mon conseiller semble le savoir. C’est au siège de la Lloyd, mon ancienne banque que l’on m’expliqua le problème. J’ai alors commencé à chercher un avocat afin de me retourner contre le lyonnais mais sans succès. Je sais maintenant ce qui était arrivé, une mesure d’alerte avait été déclenchée par le fait que ma carte était utilisée à l’étranger, ils la crurent volée !
La pension où j’avais atterri faisait face à l’Imperial War Museum et son jardin de la paix… inauguré il y a quelques années par le dalaï lama… c’est un jardin autour d’un imposant mandala de pierre et d’un obélisque gravé d’un message de paix pour les générations futures. Y avait-il un tel mandala ailleurs dans tout Londres ? Je ne le pense pas, et c’était là que j’avais atterri. Je pris alors tous les derniers événements et péripéties pour nécessaires et comme un signe supplémentaire quant à la justesse de mes intuitions et de mes conclusions.
La pension était réservée aux hommes, nous étions logés et nourris et devions participer aux taches ménagères, il y avait une chapelle mais nous étions libres de participer ou non aux prières. J’ai essayé d’expliquer ce qui m’arrivait à la sœur responsable du lieu mais le bouddha elle ne connaissait pas, seul Jésus trouvait grâce à ses yeux. Ceux qu’elle hébergeait étaient de toutes nationalités et de toutes croyances. Je me souviens d’un portugais qui dessinait des figures très proches de mandalas, lorsqu’il me demanda mon prénom je lui dit de m’appeler comme il le désirait. Il choisi le nom Shala et m’appela toujours ainsi, je découvris plus tard que le bosquet d’arbres shala fut celui où le bouddha exposa son dernier enseignement et mourut. Que se passe-t-il donc au-delà de nos inconscients ? Comment ce nom lui était donc venu ? J’allais souvent méditer dans le parc et près du mandala. Un soir alors que nous étions tous couchés dans le dortoir, je me souviens avoir vécu quelque chose d’étrange, comme si mon corps chutait tout à coup, une sensation intense et nouvelle qui sembla pourtant me rappeler quelque chose. Je me suis finalement retrouvé assis sur mon lit avec ma croix dans la bouche et le cordon de celle-ci finit par céder. Je ne pus rester bien longtemps dans cette pension qui n’était que de secours et je dus trouver une autre solution. La chance me sourit encore par l’intermédiaire d’un inconnu qui me donna l’adresse d’un squat à Depford où je me rendis. Squatter est légal en Angleterre, il suffit de trouver un lieu inhabité et d’en changer les serrures, l’immeuble de Depford était un immense bâtiment social qui avait été vidé de ses habitants en vue de démolition. Une faune de jeunes marginaux y avait élu domicile, ils y habitaient depuis environ une année mais l’expulsion était désormais proche, ils me trouvèrent une place en attendant. Des anglais, espagnols et de nombreux polonais habitaient là. Le coin était plutôt agréable et tout près de la Tamise. Je passais mes journées à la bibliothèque à lire des livres religieux mais je me rendais également souvent au centre de Londres par un des derniers bus dont une entrée centrale permettait de voyager sans payer de ticket. Parfois des contrôleurs surgissaient mais me demandaient juste d’en sortir sans me causer d’avantage de complications, c’est à ce moment-là je pense que j’ai commencé à me rendre régulièrement au centre Radha-Krishna situé à deux pas de Soho Square. Comment y ai-je atterri la première fois ? Je sais que cela peut paraître étrange voire absurde mais je pense que j’y ai été conduit : guidé.
J’avais désormais vécu plusieurs semaines sans argent et ce détachement matériel involontaire ne me faisait pas souffrir. J’avais essayé au début de chercher de l’aide par mail auprès de certains se disant mes amis, mais aucun ne voulut m’aider, seul cela m’avait fait souffrir. Je n’avais rien, plus rien, seul ma clef de mon box loué contenant divers enregistrements qui eux valaient pour moi toutes les richesses du monde. Je me nourrissais parfois, au hasard dirons-nous, quelques tartines beurrées dans un club pour nécessiteux nommé 999, à Depford. Je pouvais aussi y laver mon linge et me doucher dans un autre centre. Jamais je n’ai été sale ou négligé. Lorsque j’étais dans les environs je pouvais aussi prendre le repas de midi chez les sœurs en tant qu’ancien résident, un repas pouvait me faire plusieurs jours. Sans le savoir je vivais comme un ascète bouddhiste, détaché du matériel et me nourrissant d’offrandes. Je tiens à signaler que du bouddhisme je ne connaissais auparavant rien, juste une lecture du Siddhârta d’Hermann Hesse quinze années auparavant. Par synchronicités de rencontres et quelques livres de bibliothèque, tout ce dont je semblais avoir besoin pour réfléchir à ce qui m’arrivait paraissait m’être donné. En me lisant, beaucoup penseront que j’étais fou. Pourtant, aujourd’hui encore lorsque je repense et écrit sur cette période, je me dis que les coïncidences seules ne peuvent expliquer tous ces faits, car j’en cite mais en oublie aussi, je continue à penser qu’il y avait bien du divin dans mes aventures.
si vous voulez la suite et fin de cette histoire contactez moi ou achetez-le là: Suite et fin Précédent
Hey, tu constateras que ce type d'experience sont positives, elles sont comme un don....Ce n'est pas une intrusion ou un envahissement, encore moins un squatt ! ^^
Chaque escargot à sa coquille, si une âme veut un corps, elle cristalise sa propre coquille et pis c'est tout ! ^^
Tu sais, et ce que je vais dire vaut autant pour toi que pour Aurélien, ce que tu décris comme une experience mystique, le fait de citer des noms comme Jung et de se sentir passer des étapes.....c'est une experience qui reste rare par rapport ce que peut vivre la globalité de la population dont les préoccupations sont assez éloignées de ce type de sujet....Mais celà procède de l'héritage spirituel traditionnel, ce sont des savoirs qui rayaonnent dans l'inconscient et qui s'infiltrent chez qui peut les recevoir et les comprendre.
Les personnes qui sont en phase avec ce type de savoir ne sont pas si rares que ça.
A titre personnel, j'ai rêvé, il y a de nombreuses années que j'étais un disque CD.
Il y avait C.G Jung à mes cotés qui me regardait et de son front sortait un rayon laser qui gravait des données sur le CD que j'étais, et le sentiment de passer des étapes, tel que tu le décris dans ton texte, était très exactement ce que je ressentais alors.
Ensuite, C.G Jung m'a dit qu'il y avait des choses que je comprendrai maintenant et d'autres que je comprendrai plus tard.
Bonjour,
Je me régale avec votre blog car enfin j'ai l'impression que tout mon côté spirituel "released" durant ma phase maniaque est une perception de la réalité aussi réelle que la matrice dans laquelle nous sommes.
Je suis en phase down en ce moment après avoir fait une phase maniaque de plus de neuf mois! J'ai tout quitté pour aller vivre en Asie suite à mon illumination et après bien entendu la mélancolie m'a fait rentrer au bercail...
J'adore votre style d'écriture. Merci..
Si jamais vous avez le temps... http://www.youtube.com/watch?v=rBw16_GeeRY
Aurélien
Je crois aux forces de l'esprit disait l'autre et je ne vous quitterai pas...
Moi aussi j'ai tendance à croire aux forces de l'esprit et que certains dont Krishna venaient en moi. D'autres doivent donc venir dans les autres aussi, Jung en toi peut être ou par le rêve pour moins t'effrayer.
Ca me fait penser un peu à Dans la peau de John Malkovich, à la fin quand le héros est à l'intérieur de l'autre.
On peut penser que le corps n'est que le véhicule de l'âme, et pourquoi d'autres âmes n'éssaieraient pas de squatter?
Merci Aurelien, de ton commentaire, de ta lecture et de ton très bon témoignage, c'est fou comme l'on semble se ressembler... Alors il y aurait donc un autre avatar en vie!! ;) Bonne nouvelle!!
Mes outils statistiques semblent me dire que tu es en Suisse, il sera donc difficile de se rencontrer mais si tu as envie de commencer une correspondance, ce sera avec plaisir, comme tu l'as remarqué j'aime bien écrire. Dans quel pays d'Asie es-tu allé te réfugier?